Le psychologue du travail
Rencontre avec la psychologue du travail de l’APAS 17 afin de mieux comprendre son métier et son rôle au sein de l’équipe pluridisciplinaire.
*SPSTI = Service de Prévention et de Santé au Travail Interentreprises
Quel est votre parcours professionnel ?
Diplômée d’un DESS en psychologie du travail et ergonomie (MASTER 2), j’ai tout d’abord exercé le métier d’ergonome pendant 5 ans en usine terminale dans l’industrie automobile, puis j’ai évolué au sein du Groupe sur des fonctions RH, sur le recrutement et l’orientation professionnelle, puis en ingénierie de la formation dans la conduite du changement liée à l’informatisation des métiers du commerce automobile à l’international. Ayant quitté le Groupe en 2006, j’ai travaillé en cabinet conseil comme chargée de bilans professionnels et de compétence.
Je suis rentrée à l’APAS 17 en 2007 sur le poste de responsable du pôle IPRP, ce qui m’a permis de construire et de développer le poste de psychologue en santé au travail au regard des demandes croissantes des médecins du travail sur la prévention des risques psychosociaux.
Pourquoi êtes-vous devenue Psychologue en SPSTI ?
Intérêt majeur pour la problématique de la souffrance au travail développée par le médecin psychiatre le Dr Christophe Dejours. Je me suis d’ailleurs formée à la discipline de la psychodynamique du travail en 2001 au CNAM à PARIS.
Depuis combien de temps travaillez-vous à l’APAS 17 ?
15 ans
Pouvez-vous présenter votre métier ?
Le psychologue exerçant dans le champ du travail effectue des interventions en entreprise dans un but exclusif de préservation de la santé psychique des salariés et d’amélioration des conditions de travail. Il assure des missions de conseil, d’accompagnement, de diagnostic et de sensibilisation pour les différents acteurs de l’entreprise, tant au niveau organisationnel, collectif qu’individuel, dans le cadre de la prévention des risques psychosociaux.
Il intervient sur les 3 axes de la prévention des risques :
- Primaire, au travers d’actions d’information et de sensibilisation des salariés et des employeurs aux risques psychosociaux, en accompagnant les adhérents dans le repérage et l’évaluation des facteurs de risques psychosociaux pour l’élaboration et la mise à jour du DUERP
- Secondaire au travers de la conduite de diagnostics RPS au moyen d’enquêtes par questionnaires ou entretiens collectifs ou individuels pour identifier et qualifier les situations à facteurs de RPS et aider l’employeur dans l’élaboration d’un plan d’amélioration des situations de travail visant à supprimer ou à réduire les risques identifiés.
- Tertiaire, dans une perspective de Maintien dans l’emploi, au travers d’une part, de l’offre de consultation en psychodynamique du travail permettant au salarié en arrêt de travail pour troubles psychologiques (Burn out, Brown out, dépression réactionnelle…) d’élaborer sa reprise du travail.
D’autre part, de soutenir psychologiquement les salariés victimes d’un évènement grave en milieu de travail au moyen de séances individuelles ou collectives de débriefing psychologique.
Qu’est-ce qu’une journée type pour un(e) psychologue du travail ?
Il n’y a pas de journée type pour le psychologue en santé au travail. Le psychologue s’adapte à chaque demande du médecin du travail.
Il peut intervenir sur des situations très diverses que ce soit l’animation d’ateliers de sensibilisation à la prévention des RPS sur les violences au travail (harcèlement moral, sexuel…) ou la conduite d’un diagnostic RPS au moyen d’enquêtes par questionnaire, ou des consultations individuelles de souffrance au travail ou la mise en place d’une cellule de soutien psychologique de collectifs de travail en état de choc à la suite d’un événement grave.
Qu’est-ce qui vous plaît le plus dans votre travail ?
La diversité des secteurs d’activité et des organisations de travail. La rencontre des professionnels qui ont à cœur de bien faire leur travail. Le travail en équipe pluridisciplinaire au sein du pôle IPRP (ergonomes, toxicologue, préventeurs) et avec les équipes médicales médecins, infirmiers, secrétaires.
Quel est votre accompagnement auprès des salariés et des employeurs ? Quelles relations avez-vous avec les autres membres de l’équipe pluridisciplinaire ?
Mon accompagnement consiste en l’écoute du vécu du salarié ou de l’employeur mais surtout en l’observation guidée par une grille d’une quarantaine d’indicateurs permettant l’analyse objective des situations de travail sur les 6 dimensions de facteurs de risques psychosociaux (les exigences de travail, les exigences émotionnelles, l’autonomie et les marges de manœuvre, les rapports sociaux, les conflits de valeurs, l’insécurité de l’emploi). Ce travail d’analyse des situations de travail permet de conseiller l’employeur sur l’amélioration des conditions de réalisation du travail sur les axes organisationnels, managériaux et RH.
Quels changements ont été apportés, dans votre activité, par les dernières évolutions législatives ? Et comment imaginez-vous l’avenir des SPSTI ?
Ma mission de psychologue en santé au travail s’inscrit davantage dans la prévention de la désinsertion professionnelle où le médecin du travail me sollicite très en amont de la visite de reprise pour préparer au mieux le retour à l’emploi du salarié.
Pour finir, quelle est la valeur la plus importante de votre métier ?
Pouvoir contribuer au maintien dans l’emploi et à la prévention de la désinsertion professionnelle en permettant aux salariés de reprendre confiance dans leurs valeurs et capacités professionnelles, mais aussi et surtout en conseillant l’employeur dans l’identification et la mise en œuvre d’actions visant à améliorer les organisations de travail et le management humain permettant de renforcer la cohésion d’équipe, et l’adhésion à un objectif commun, pour une meilleure efficacité globale de l’entreprise.
Car ma conviction soutenue par ma formation universitaire en Sciences Humaines reste la suivante :
« Il n’est de richesse que d’homme ! »
Jean Bodin philosophe, économiste